108 - Hermann REICHARDT & Dietrich CUNZÉ

REICHARDT & CUNZÉ, through their representative Charles MUNCHEN, filed on 10 April 1869 an application for a brevet d’importation for a:

Nouvelle méthode pour traiter le noir animal par l’acide carbonique et spécialement son application à la filtration des jus sucrés

The inventors explained:

Dans la fabrication du sucre on n’obtient en sucre cristallisé qu'une partie du sucre cristallisable contenu dans le jus sucré, ceci provient

1. des matières, qui en formant la mélasse, enlèvent une partie du sucre à la cristallisation, 

2. des pertes qu’éprouvent les jus dans les différentes manipulations de la fabrication

Une perte qui jusqu'à présent était inconnue et qui, par conséquent, n'a pas éveillé l'attention des fabricants, consiste dans la grande affinité avec laquelle le noir animal absorbe le sucrate de chaux, dont le lavage des filtres à l'eau chaude employé jusqu'à présent, n’en enlève qu'une minime partie.

… Nous revendiquons comme notre propriété le procédé de traiter le noir animal par du gaz acide carbonique pour augmenter son pouvoir filtrant …

On 13 April 1869 the Chambre de commerce was instructed to conduct the examination of the application.

The administrative file does not contain the reports of the experts nor the report of the Chambre de commerce. Although it is known (see below) that two experts had been appointed, the file contains only the name of one of them: Ernest SCHOU, ingénieur civil.

It is further known from the file that the experts disagreed on allowing the patent to issue (one in favour and the other against) and that the Chambre de commerce advised against the grant. 

The Government, on the other hand, was in favour of the grant, but asked for the approval of S.M le Roi in la Haye.

The following is a chronological account of the events as documented:

The Government wrote to Charles MUNCHEN on 28 September 1869:

Je vous prie de bien vouloir me faire connaître si vos mandants, qui ont obtenu le 16 mars 1869 en Belgique un brevet de 20 années pour le même objet, ont aussi obtenu pareil brevet dans les différents états faisant partie de l'union douanière allemande, ou bien, pour quels motifs ils n'en non pas obtenu.

Charles MUNCHEN replied on 26 October 1869:

Répondant à votre dépêche concernant le brevet Reichardt et Cunzé, j'ai l'honneur de vous informer, que mes mandants ont été brevetés pour l'invention dont s’agit, en France le 17 mars 1869 , pour 15 ans ; dans les Pays-Bas, le 12 avril 1869, pour une durée égale de 15 ans; en Belgique et dans le Duché de Brunswick. 

Je présume, Monsieur le Ministre d’Etat, que ces renseignements atteignent le but proposé.

The Government took the unusual step of forwarding the application to the Directeur de la société sucrière in Mersch on 24 December 1869:

Je vous prie de me faire connaître si le brevet demandé peut être accordé sans préjudice pour les sociétés sucrières nouvellement établies dans le Grand-Duché. 

A second letter was sent to the Société sucrière in Mersch on 19 January 1870, this time addressed personally to the Directeur by the name of M. DELISTANCKE, which would indicate that the first letter remained unanswered. The wording used this time was more appropriate:

Je vous prie de me faire connaître si l'objet pour lequel le brevet est demandé constitue réellement une invention ou s'il est déjà tombé dans le domaine public. 

The file does not contain any information on whether the Société sucrière ever responded to the Government.

The Government wrote to Son Altesse Royale Monseigneur le Prince Henri on 15 February 1870:

Des deux experts qui ont été chargés d'examiner cette affaire, l’un est d'avis que l'invention consiste dans le nouvel emploi d'une matière et que sous ce rapport elle est susceptible d'être brevetée, tandis que le second affirme que l'usage du noir animal dans la fabrication du sucre est ancien, que la nouveauté ne porte que sur la filtration et que plusieurs sucreries en Allemagne pratiquent déjà cette méthode. 

La Chambre de commerce se prononce contre l'accueil de la demande, pour ne pas placer sous une dépendance fâcheuse et dans un état d'infériorité vis-à-vis des sucreries de l’Allemagne, celles qui s'établissent maintenant dans le pays et dont les procédés ne sont pas encore connus. 

La décomposition par l'acide carbonique du saccharate de chaux n’est pas nouvelle, mais l'application faite, par les demandeurs du brevet, de cette décomposition pour extraire le sucre absorbé par le noir animal et la rendre en même temps plus complète la révivication de celui-ci, constitue une invention susceptible d'être brevetée. 

Comme le brevet demandé sera annulé si l'invention dont il s’agit n'est pas nouvelle, ainsi que le prétend le second des deux experts, je suis du très respectueux avis, Monseigneur, qu'il y'a lieu d'accorder aux sieurs Reichardt et Cunzé un brevet d'importation de cinq années …

Son Altesse Royale replied on 7 March 1870: 

Avant de statuer sur la demande en obtention d'un brevet d'importation présenté par les sieurs Reichardt et Cunzé  pour une nouvelle méthode de traitement du noir animal par l’acide carbonique, Son Altesse Royale le Prince Lieutenant du Roi désire savoir si les demandeurs ont obtenu un brevet dans les autres Etats de l’Union douanière.  

Son Altesse Royale estime qu'il y aurait de l'inconvénient à breveter dans le Grand-Duché un procédé de fabrication que les concurrents de nos fabricants pourraient employer librement. Elle craint de placer nos sucreries dans un état d'infériorité vis-à-vis des établissements similaires de l'Allemagne et elle incline à partager l’avis de la Chambre de commerce qu'il n'y a pas lieu d'accorder le brevet demandé. [1]

The Government wrote to Charles MUNCHEN on 23 March 1870:

Suivant votre lettre du 26 octobre dernier, les sieurs Reichardt et Cunzé, …, doivent déjà avoir obtenu un brevet pour le même objet dans le Duché de Brunswick.

Je vous prie de bien vouloir demander à vos mandants une copie certifiée de ce brevet et me le communiquer ensuite.

Veuillez en même temps leur demander s'ils ont aussi obtenu des brevets pour la même invention dans d'autres Etats de l’Union douanière allemande et les prier d'indiquer, le cas échéant, ces Etats ainsi que la date de ces brevets.

Since the file does not contain any documents beyond this last communication, it must be concluded that the inventors did not respond and let the application go abandoned.

In retrospect, it can be clearly established that the Braunschweig patent was granted on 17 March 1869, but it would appear that the inventors did not possess any corresponding patent in another German state, which would explain why they preferred not to respond and avoid to be challenged again by the Government and receive an ultimate refusal.

________________________________________

[1] Prince Henri was the largest shareholder of the « Fortschritt » sugar company, just founded in Diekirch (see No 128) and had therefore a personal interest in rejecting the patent application.

(15/02/2021)