231- Frédéric MICHAËLIS (1841 - 1897) & 

Victor MICHAËLIS (1846-1884) [1]

Frédéric and Victor MICHAËLIS were both born on 334 Fischmarkt in Luxembourg-city where their father was a Kaufmann, Essigfabrikant, son of a cabaretier. Their mother, Marie Jeanne FISCHER, was the daughter of a marchand de tabac.

On 14 February 1879 Frédéric MICHAËLIS applied for a patent of invention entitled: 

Nouveau procédé de fabriquer les vinaigres nommé “Méthode des cuves tournantes”

Professor Paul ROSENSTIEL published in 1979 an extensive article on MICHAËLIS' invention [2] under the title of 

Centenaire d'une invention luxembourgeoise

Le système des cuves tournantes de Michaëlis ou méthode luxembourgeoise pour la production du vinaigre 

He wrote the following

Il y a 100 ans, le 14 février 1879, une demande de brevet d’invention fut adressée à sa Majesté le Roi Grand-Duc Guillaume III par un certain Frédéric Michaëlis.

Ce fut le début d’une invention qui allait avoir une répercussion énorme dans le monde industriel et technique de l’époque et qui allait faire connaître le nom du Grand-Duché au-delà des mers!

Qui fut donc Frédéric Michaëlis et quelle a été cette invention qui fit fureur à l’époque? Frédéric Michaëlis (1841-1897) était ingénieur et vinaigrier-distillateur exploitant ensemble avec son frère Victor (1846-1884), vinaigrier, une vinaigrerie à Luxembourg-Rollingergrund près de l’école primaire actuelle, lieu connu encore aujourd'hui par les vieux habitants du quartier sous la dénomination «an der Esseg».

Déjà leur père, Michel Michaëlis, frère du directeur de l’Athénée de l'époque, Jean-Pierre Michaëlis, avait exploité une vinaigrerie au 3e étage de sa maison au Marché-aux-Poissons à Luxembourg, immeuble qui fut démoli en 1900. On y montait et descendait les lourds tonneaux remplis resp. de vin et de vinaigre à dos d'hommes!

Les Michaëlis étaient les membres d'une vieille famille luxembourgeoise très estimée dont la plupart étaient des artisans, des industriels ou des intellectuels.

Pour comprendre l’invention des Frères Michaëlis, il faut savoir que le vinaigre est obtenu en principe si, sous l’influence d’un ferment sécrété par une bactérie, le mycoderme acétique de la «mère du vinaigre» (« Essegmudder » en luxembourgeois), l’alcool du vin s’oxyde en acide acétique. Ainsi le vin devient du «vin aigre», du vinaigre.

Or pour obtenir le vinaigre à partir du vin ou d’un autre liquide alcoolique, on plaçait le liquide à acétifier dans un tonneau (procédé d’Orléans) ou dans une cuve large et plate (procédé Pasteur) ou bien, ce qui constituait un grand progrès, on faisait circuler le liquide alcoolique de haut en bas dans un grand tonneau rempli en partie de copeaux de hêtre ensemencés avec du ferment acétique (procédé Schützenbach ou procédé allemand). Ce tonneau est fixe, mais le liquide alcoolique y est mobile.

L’invention des Frères Michaëlis est une modification intelligente du procédé allemand en ce sens que non seulement le liquide circule sur des copeaux de hêtre remplissant tout le tonneau, mais que le tonneau est mobile lui aussi, c.-à-d. qu’il subit une rotation autour de son axe horizontal.

Le 29 mars 1879, une Commission d’experts nommée par la Chambre de Commerce à Luxembourg, se rendit dans la vinaigrerie Michaëlis afin d’examiner la nouvelle invention. Cette Commission se composait des membres suivants: P. Fassbender, vinaigrier et commerçant à Luxembourg-Pfaffenthal, J. Meyer, chimiste et ancien pharmacien à Luxembourg-Eich et J. Warnimont, docteur en philosophie, membre de l’Institut Royal Grand-Ducal de Luxembourg, Section des Sc. Naturelles.

Le 6 avril, donc à peine 8 jours plus tard, leur rapport était déjà entre les mains du président de la Chambre de Commerce.

Dans leur rapport les experts certifient n’avoir trouvé aucun procédé pareil ni dans la pratique, ni dans un traité scientifique. A leur avis l’invention des Frères Michaëlis doit être considérée comme un réel progrès dans l’art du vinaigrier. Tout en honorant ses auteurs, elle ferait sûrement la gloire et le profit de leur pays. Ils recommandent, en conséquence, à la Chambre de Commerce et au Gouvernement d’attribuer le brevet demandé aux Frères Michaëlis.

Dans la suite, des modifications qui constituaient autant d’inventions nouvelles, furent ajoutées à la demande de brevet resp. le 30 septembre 1879 et le 16 février 1881. Des brevets furent pris sur le système Michaëlis en France, en Allemagne, en Autriche, en Angleterre, en Italie, en Espagne, en Belgique, au Grand-Duché (brevets nos 2; 86; 118), en Suède, en Norvège, au Danemark, en Finlande, aux USA, en Australie et en Égypte.

Très vite, les vinaigreries exploitant le système Michaëlis se répandirent à travers la France et ses colonies, l’Allemagne, la Belgique et l’Angleterre. Les Frères Michaëlis durent se rendre très souvent à l’étranger pour diriger eux-mêmes sur place l’installation des cuves tournantes.

D’ailleurs, leur invention, qui fut désignée aussitôt sur le nom de: méthode luxembourgeoise, trouva un soutien considérable de la part de savants et d’industriels étrangers. Ainsi, M. Troost, professeur de chimie à l’Université de Paris, dans une publication fort élogieuse pour les inventeurs, prédit à la méthode luxembourgeoise un grand avenir. Dans un journal scientifique «le Moniteur Vinicole» une série d'articles étaient consacrés à la méthode luxembourgeoise. On y énumérait toute une série d’avantages par rapport à la méthode allemande et on qualifiait l'invention des Frères Michaëlis comme originale et comme une vraie nouveauté industrielle.

D’autres articles aussi flatteurs pour les inventeurs étaient publiés dans le « Deutsche Chemiker Zeitung » (no 43; 1880) et dans le « Deutsche Destillateur Zeitung » de la même époque où nous apprenons, entre autres, que même Pasteur ainsi que d’autres savants éminents auraient donné un avis très favorable sur la méthode luxembourgeoise des Frères Michaëlis.

En Angleterre, dans un traité paru en 1888 (Vinegar Brewing by the Michaëlis process), on fait également l’éloge de la nouvelle invention luxembourgeoise. De plus la Vinaigrerie Michaëlis fut honorée par des Médailles d’or des Villes de Paris et de Philadelphie.

Malheureusement du point de vue matériel, les Frères Michaëlis ont partagé le sort de tant d’inventeurs dans le domaine industriel En effet, ils ne purent défier la concurrence du vinaigre allemand importé au Grand-Duché du fait de l’union douanière avec l’Allemagne (Zollverein). Ainsi, ils étaient forcés de vendre leur vinaigre au même prix que leurs concurrents allemands qui bénéficiaient de l’avantage de fortes subventions (Retoursteuer) payées immédiatement par l’Etat allemand, alors que les Frères Michaëlis durent attendre des mois et des mois avant d’obtenir au Grand-Duché le bénéfice de cette mesure.

Ils durent finalement cesser toute activité et liquider leur vinaigrerie.

Les Frères Michaëlis sont morts sans qu’un journal luxembourgeois de l’époque ait fait l’éloge de leurs mérites.

Leur vinaigrerie a disparu, mais leur invention a gardé une certaine importance: du vinaigre est toujours produit par le procédé luxembourgeois ou par une variante de celui-ci, et c’est avec un légitime sentiment de fierté que nous lisons dans certains traités de chimie technologique qu’il existe, pour la production du vinaigre, un procédé luxembourgeois.

The Luxembourg patent application of 1979 was thus examined under the 1817 Patent Law, converted to a patent application under the 1880 Patent Law and granted on 10  July 1880. [3]

The Michaëlis patent portfolio

It would appear that Frédéric, the older brother, was the manager of the family enterprise and that Victor was the inventor of the new method. This can be deduced from US patent 227,564 where Victor was named as the inventor and the beneficiary of the patent was the company Fr. Michaëlis [4]. The description of the patent opens in the following terms:

To all whom It may concern : 

Be it known that I, Victor Michaëlis, of the firm of Fr. Michaëlis, resident of Rollingergrund, in the Grand Dukedom of Luxemburg, have invented new and useful Improve­ments in Apparatus for Manufacturing Vinegar, of which the following is a specification ... 

Before filing their patent application in Luxembourg the MICHAËLIS brothers filed a patent application in France on 26 September 1878 and subsequently filed a total of 12 additions (improvements) to this French patent up to 17 December 1881. [5] (see No 255)

They applied for two more patents in France for their novel vinegar manufacturing process, on 19 July 1880 [6]  and 4 August 1881 [7].

In Luxembourg, the following patents were granted in the years 1880 to 1881:

‍ Méthode des cuves tournantes: [8]

No 2. - Le 10 juillet.1880. — M. Frédéric Michaëlis, pour une nouvelle manière de fabriquer le vinaigre, dite „méthode des cuves tournantes“.

No 86. - Le 4 novembre 1880. — M. Frédéric Michaëlis, certificat d’addition au brevet n° 2, L’addition porte sur l’application d’une boîte rectangulaire perforée et à axe horizontale à la face intérieure du fond de la cuve qui porte l’entrée d’air.

No 118. - Le 16 février 1881. — M. Frédéric Michaëlis, pour des perfectionnements à la fabrication du vinaigre par la méthode des cuves tournantes. (Certificat d’addition au brevet d’invention n° 2.)

Générateur à vinaigre avec plongeur et courant d’air fermé [9]

N° 13. - Le 15 juillet 1880. — M. Frédéric Michaëlis, pour un appareil servant à faire passer périodiquement des copeaux dans un mélange à changer en vinaigre, avec courant d’air devant traverser les copeaux; appareil nommé „Générateur à vinaigre avec plongeur et courant d’air fermé”

N° 16. - Le 17 juillet 1880. — M. Frédéric Michaëlis, certificat d’addition au brevet N° 13.

N° 55. - Le 23 août 1880. — M. Frédéric Michaëlis, nouveau certificat d’addition au brevet n° 13

N° 93. - Le 8 décembre 1880. — M. Frédéric Michaëlis, nouveau certificat, d’addition au brevet N° 13, - pour un générateur à vinaigre avec plongeur et courant d’air fermé. La nouvelle addition porte sur diverses modifications dans la construction des appareils et sur des arrangements nouveaux pour le service et l’assemblage des appareils

Incubation artificielle des oeufs 

N° 151. — Le 20 juillet 1881. — M. Victor Michaëlis, fabricant, qui a fait élection de domicile à Limpertsberg (commune de Luxembourg), en sa demeure; — pour incubation artificielle des oeufs par la chaleur dégagée dans un appareil pour la fabrication du vinaigre par l’oxydation d’un liquide alcoolique.

N° 156. — Le 10 août 1881. — M. Victor Michaëlis, fabricant, qui a fait élection de domicile, à Limpertsberg, commune de Luxembourg, en sa demeure; — certificat d’addition au brevet d’invention qui lui a été délivré le 20 juillet dernier sous le N° 151; — pour l’incubation des oeufs etc.

Appareil et méthode de concentration automatique

N° 285. - Le 10 mai 1883. — M. Victor Michaelis pour appareil et méthode de concentration automatique et leur application pour faire vieillir ou améliorer le vinaigre, le vin, l’eau-de-vie et autres liquides alcooliques, les parfumeries etc., ainsi que pour la fabrication des liqueurs et du vinaigre.

N° 306. - La 2 octobre 1883. — M. Victor Michaëlis, certificat d'addition au brevet n° 285, du 10 mai 1883, - pour un appareil et une méthode de concentration automatique et leur application pour faire vieillir ou améliorer le vinaigre, le vin, l’eau-de- vie et autres liquides alcooliques, les parfumeries etc., ainsi que pour la fabrication des liqueurs et du vinaigre.

N° 327. - Le 22 novembre 1883. — M. Victor Michaëlis, second certificat d’addition au brevet N° 285 du 10 mai 1883, - pour méthode et appareil à action automatique et constante pour vieillir artificiellement et concentrer le vinaigre, les vins, eaux- de-vie et autres liquides, ainsi que pour la fabrication des liqueurs.

Utilisation des résidus de différentes sortes de fruit

FR patent No 158036 (15 October 1883)

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[1] FamilySearch database

[2] Die Warte, 8 February 1979

[3] LU patent No 2

[4] The US patent legislation required that the "true" inventor be named 

[5] FR patent No 126,556

[6] FR patent No 137,817

[7] FR patent No 144,245

8] US patent No 227,564 and Reissue No 9,754, FR patent No 126,556 (26 September 1878), DE Reichspatent No 6,620 (11 January 1879), BE 47,225 (28 January 1879), IT patent No 93 (30 June 1879), ES patent No 403 (1 August 1879), GB patent No 4,038/1879 (6 October 1879)

[9] US patent No 292,125, FR patents No 137,817 and No 144,245, ES patent No 2,086, DE patent 9,231

(23/01/2021)