10 - Denis-Ambroise GONTIER-GRIGY (3) (1811 - 1886) [1] [2] [3]

Voiture à trois roues, dite locotricycle

Basic patent

Filing date: 9 July 1869

Le LOCOTRICYCLE est muni de trois roues comme les Vélocifères d’autrefois et quelques Vélocipèdes d’aujourd’hui: deux par derrière dont l’une est fixée à l’essieu et l’autre folle, et la troisième, par devant dans une chape tenue à la partie supérieure et pouvant se mouvoir à droite ou à gauche, au moyen d’un système que je décrirai ci-après:

Jusque-là, rien de nouveau; mais ce qui l’est entièrement, c’est l’organe propulseur qui, au lieu d’être un essieu coudé ou double manivelle (offrant un point mort dans sa rotation et ne pouvant monter aucune rampe) se compose d’un double levier constant s'allongeant à volonté suivant l’intensité de la résistance, de manière à emprunter ainsi de la force aux dépens de la vitesse, système de transmission m’appartenant (brochure, année 1862, page 21).

Les limons ont une figure elliptique et sont appendus sous l’essieu, entre les deux roues de derrière pour se réunir en avant et y former un faisceau, sous forme de col de cygne (ou tout autre figure que l’on voudra) venant saisir, du bec, le haut de la chape. On voit ces limons en long (figure I), en dessus (figure II) et par derrière (figure III). 

Deux traverses (a. a. et b. b. figure II) relient ces limons à leur partie inférieure, pour servir de sup­ports à deux planchettes mobiles (c. d.) qui forment le fond de la voiture. Ce sont là les deux leviers dont la suite va faire comprendre l’utilité : 

Ces planchettes sont retenues par un bout à la traverse (a. a.) comme le sont les pédales des pianos,  et peuvent se presser par l’autre bout.

L'essieu (e. e. figure III) est muni de deux poulies folles (f. g.). Une corde attachée par un bout au bord intérieur de la planchette ou levier (c.) vient s’élever verticalement, et en avant, sur la poulie (f.), puis la contourner pour remonter, de là, sur la petite poulie (h.) appendue sous la tringle (i. i.) qui va d’un limon à l’autre au-dessus de l’essieu (e. e.), et enfin redescendre sur la poulie opposée (g.), la contourner à son tour et aller ensuite se fixer par le second bout, au bord correspondant de l’autre planchette ou levier (d.)

En réglant la longueur de cette corde, de manière à ce que les deux leviers (c. d.) soient soulevés jusqu’à la moitié de la course qu’on voudra leur faire parcourir de bas en haut, il sera facile de concevoir que si un homme se tient debout en arrière de l'essieu, sur l’un de ces leviers, en posant ses mains sur la tringle son poids fera descendre ce même levier jusque sur la traverse (b. b.) et que s’il se reporte ensuite sur le levier opposé, celui-ci descendra à son tour, tandis que la corde fera remonter l’autre.

Ce mouvement de va-et-vient ne produirait encore aucun effet utile si cet organe propulseur se bornait à cela; mais voici son complément: Je fixe à l’essieu, entre les deux poulies (f. g. figure III) une roue à rochet et je place, à la face interne de chaque poulie, un cliquet (ou ressort) s’engageant dans les crans de ce rochet de manière à ce que ces poulies ne puissent plus tourner en avant sans entraîner l’essieu et les roues du véhicule dans leur mouvement de rotation, tandis que ce cliquet les laisse toujours folles lorsqu’elles retournent en arrière.

Comme on le voit (figure IV) un quart de cercle (j. j.) qui se soude entre le bec du cygne, à la chape qui sert à contenir la roue de devant, forme le gouvernail du véhicule au moyen de guides ordinaires. Une lame (k.) fixée à cette chape, et perpendiculairement à ce quart de cercle, forme ressort en s’enfonçant dans la gorge du cygne, et maintient la roue dans l’axe de la route.

Une paire de guides attachée à chaque bout de ce quart de cercle, sert à tourner à droite ou à gauche comme on le ferait d’un véritable cheval. La lame (k.) étant flexible, s’incline alors sous la pression de la main et ramène ensuite la roue dans la position directe lorsque cette pression cesse.

Perfectionnements

1) L'homme-moteur étant placé sur les leviers, en arrière de l’essieu, un siège peut être placé, en avant, pour y recevoir une deuxième personne qui pourra prendre les guides et se diriger où elle voudra. 

2) Un hamac placé d’un limon à l’autre, en arrière de l’homme-moteur, pourra lui servir de siège lorsqu’il s’agira de parcourir un chemin de niveau ou en pente, et alors que le poids des pieds suffira à la traction.

3) Pour le cas où le véhicule ne sera destiné qu’à une seule personne, les deux leviers pourront s’attacher à l’opposé sur l’autre traverse (b. b.) pour se soulever de l’avant. Alors cette personne devra se placer devant l’essieu et pourra occuper la place du siège destiné à cette deuxième personne. 

4) Pour doubler la vitesse de l'appareil lorsque la route sera favorable, les poulies (f. g.) devront avoir sur la face extérieure une 2° gorge d’un diamètre moitié moins grand; mais alors il faudra raccourcir la corde si l’on veut maintenir le même mouvement de levier, sauf à la replacer dans son état primitif lorsqu’une montagne se présentera de nouveau devant vous, soit en élevant la petite poulie (h.) soit de tout autre manière. 

5) Cet appareil n’est autre qu’un treuil, ou levier de premier genre: Le point fixe est sur l’essieu, la résistance sur le sol à parcourir, et la puissance sur les planchettes. L’une est à l’autre comme les bras de leviers entre eux; l’un formé par le 1/2 diamètre des poulies (f ou g), et l’autre par le 1/2 diamètre opposé allongé de toute la distance qu’il y a entre la corde verticale et l’endroit où l'homme-moteur est placé. Le poids de celui-ci ne pouvant s’équilibrer que par un poids semblable (la corde faisant ici à l’inverse l’emploi de support d’une balance), la charnière qui maintient les planchettes par un bout, double ainsi le poids du moteur. Pour l’augmenter encore dans les rampes difficiles, il faudra empoigner les limons comme si on voulait les soulever, et ajouter par là une pression considérable sous ses pieds.

6) Quant au frein, il y a tant de moyens qu’il est inutile d’en parler; mais je conseille le frein ordinaire armé aux deux bouts d’une brosse nettoyant les roues et mû par une pédale placée sur la traverse (b. b.) entre les deux planchettes.


First addition

Filing date: 22 October 1869


Comme on le voit (figure IV) une tringle (j. j.I terminée par des anneaux se soude en queue d’aronde, entre le bec du cygne à la chape qui sert à contenir la roue de devant, et forme le gouvernail du véhicule au moyen de guides ordi­naires. Une lame (k.) fixée à cette chape, perpendiculairement à cette tringle, forme ressort en s’enfonçant dans la gorge du Cygne, et maintient la roue dans l’axe de la route. 

Un frein fixé entre les branches de cette chape au-dessus de la roue de devant, est prolongé d’une tige (l.) se redressant en avant du gouvernail (j. j.) et se terminant par un anneau portant le quart de cercle (m. m.). Cette tige est parallèle à la tringle ( j. j. ) et peut glisser librement dans cet anneau.

Une paire de guides attachée à chaque bout de ce quart de cercle et traversant librement les anneaux de la tringle (j. j.) sert à tourner à droite ou à gauche comme on le ferait d'un véritable cheval: la lame (k.), étant flexible, s’incline alors sous la pression de la main, et ramène ensuite la roue dans l’axe de la route lorsque cette pression cesse. En effet si l’on tire l’une ou l’autre guide, le quart de cercle glisse et s’appuie sur l’extrémité de la tringle (j. j.) qui dès lors obéit à la pression et fait tourner la roue à droite ou à gauche. Si l’on tire les deux guides à la fois, le quart de cercle remplaçant le mors du cheval, fait agir le frein (l.) et enraye la roue. 

Il ne reste plus qu’à parer au défaut particulier à tout tricycle, jetant l’avant-train de côté chaque fois qu’on monte une rampe ou qu’on trouve un terrain où les roues s’enfoncent, l’une d’elles devant obéir au moteur, et l’autre se trouvant libre de revenir en arrière: pour obvier à cet inconvénient, on a imaginé de fixer un verrou sur l’essieu, se poussant dans un trou du moyeu, et s’ouvrant chaque fois qu’on a besoin de tourner pour se fermer ensuite en tâtonnant. Ici, c’est un ressort automatique qui remplace ce verrou: Une rondelle de fer d’un double diamètre de la face intérieure du moyeu de la roue folle est vissée sur cette face et sert à fixer par le bout (n) un ressort plat qui s’appuie sur une extrémité de l’essieu équarrie à cet effet, et va passer, par l’autre bout, sous la goupille (o). Ce ressort lie ainsi la roue folle à l’essieu et se soulève de lui-même lorsque l’on, veut tourner à droite ou à gauche au moyen des angles de la partie équarrie faisant l’office de cames.


Second addition

Filing date: 19 March 1870

Ce mouvement de va-et-vient ne produirait encore aucun effet utile si cet organe propulseur se bornait à cela; mais voici son complément: 

Je fixe à l’essieu, entre les deux poulies (f. g.) une roue à rochet, et je place, à la face interne de chaque poulie, un cliquet (ou ressort) s’engageant dans les crans de ce crochet de manière à ce que ces poulies ne puissent plus tourner en avant sans entraîner l’essieu et les roues du véhicule dans leur mouvement de rotation, tandis que ce cliquet les laisse toujours folles lorsqu’elles retournent en arrière.

Les crampons ci-dessus se fichent dans la gorge de chaque poulie, non loin des cliquets. Ensuite on fait rétrograder ces poulies jusqu’à ce que ces crampons se trouvent en-dessous. Cela fait, on pose la poulie (h) et sa barre, et il ne reste plus désormais qu’à fixer les bouts de chaîné: à cet effet, on soulève à mi-course les leviers auxquels ces chaînes sont déjà attachées par un bout et l’on va les fixer par l’autre, en passant sur les poulies, aux deux crampons qui se trouvent en-dessous.

L’appareil est alors complet. Cela bien compris, il est facile de concevoir que, si un homme se tient debout en arrière de l’essieu, sur l’un de ces leviers, en posant ses mains sur le triangle (i. i.) son poids le fera descendre jusque sur la traverse (b. b.) tandis que la poulie de renvoi (h.) faisant l’office de tourniquet fera remonter le levier opposé au moyen de dents engrenant avec celles des poulies folles (f. g.)

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[1] FamilySearch database (G3W9-4LQ)

[2] FR patent No 85,943

[3] see also No 5 and No 9 (FR Law of 1844), No 23 and No 143 (NL Law of 1817)

(03/02/2021)

(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)

(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)