29 - Jean Joseph Étienne LENOIR (17) (1822 - 1900) [1][2]


Électrographe [3]

Basic patent

French patent          69663

Application date:    9 December 1865

Grant date:             8 February 1866


Les recherches faites sur les télégraphe écrivants ont déjà fait naître un certain nombre d'appareils; les principaux sont basées sur l'application d'une petite tige de fer se promenant sur du papier imbibé de prussiate de potasse et au moment où passe un courant électrique une quantité de fer est dissoute et forme un prussiate de fer qui colore le papier en bleu. Mais dans ces appareils les effets chimiques, sont lents et irréguliers.

Les recherches que j'ai faites ont porté sur l'emploi de mouvements mécaniques permettant de faire usage d'une encre préparée et qui marque par transposition sur le papier comme le fait la plume. 

Mon invention est caractérisée par une disposition qui comprend deux cylindres commandés chacun par un mouvement d'horlogerie; l’un des cylindres recouvert d'un papier argenté ou autrement métallisé constitue « l’expéditeur » car c'est sur ce papier qu’on écrit la dépêche avec une encre isolante (couleur gommée). 

Une touche, qui fait contact et établit un circuit lorsqu'elle est sur la partie métallisée, fait cesser ce circuit  quand elle passe sur l'écriture isolante; une vis conduit le dit contact ou touche sur toute la longueur du cylindre et l'oblige à toucher tour à tour toutes les parties écrites. 

Le second cylindre « le récepteur » qui reçoit le même mouvement uniforme que le premier, est enveloppé d'une feuille de papier blanc ou d'une feuille de papier de couleur décomposable; tout le mouvement est semblable à celui de l'appareil expéditeur, sauf la touche de contact qui est armée ici d'un fer doux attiré par un électroaimant chaque fois que le contact du cylindre expéditeur passe sur la partie métallisée, ce qui élève la plume en l'empêchant ainsi d'écrire, mais chaque fois que le contact de l'expéditeur passe sur une partie d'écriture, la rupture du courant électrique se fait, et l’électroaimant  n’ayant plus d'action sur le  fer doux du contact du récepteur faisant plume, ce dernier tombe sur le papier blanc (étant appelé par un ressort), et il y laisse la trace d’une longueur correspondante au temps que le contact expéditeur est isolé.

Le contact expéditeur reprend alors le courant électrique ce qui attire de nouveau le fer doux qui élève la plume du récepteur; cette plume retombe à la seconde rupture du courant causée par une partie isolante du cylindre expéditeur; en agissant ainsi, il s'ensuit un groupement de points et de lignes qui forment des lettres, puis des mots, et enfin la dépêche écrite entièrement conforme à l'original.

La difficulté de tenir une plume bien encrée ou un crayon inusable m'a fait avoir recours à un moyen d’encrage par transport, et voici comment j'opère:

Après avoir enveloppé le cylindre récepteur d'une feuille de papier blanc, je recouvre cette feuille d'un papier chargé d'une couleur quelconque et je remplace la plune ou crayon par une simple pointe dure.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


First addition

Application date:   14 March 1866

Grant date:            26 May 1866


Les nombreuses expériences que j'ai faites depuis la prise de mon brevet, m'ont permis de perfectionner mon système d'électrographe au point de vue d'une marche régulière et sûre; le point important était d'établir un synchronisme parfait entre le récepteur et l'expéditeur, de manière à éviter toute déformation de l'écriture ou des figures qu'on voulait transmettre.

Après avoir combiné et essayé un grand nombre de régulateurs agissant mécaniquement, j'ai dû abandonner les différents principes sur lesquels ils étaient basés pour trouver dans l'électricité même un auxiliaire convenable.

Actuellement j'obtiens les meilleurs résultats, c'est-à-dire le synchronisme le plus complet, par la combinaison de ce que j'appelle un engrenage électrique et qui comprend: 

1° une roue fixée sur l'appareil expéditeur et composée de dix parties métalliques et de dix parties isolantes;

2° sur l'appareil récepteur est une roue en fer doux formée de dix bras offrant par conséquent dix intervalles encreurs, passant devant un électroaimant. 

Ces roues se commandent de manière que la partie métallique de la roue de l'expéditeur doit entrer dans les parties creuses de la roue en fer doux du récepteur; par cette combinaison il arrive que, si un expéditeur marchait plus vite que le récepteur, la dent en partie métallique étant arrivée avant que la partie creuse de la roue du récepteur soit passée, l'électroaimant étant en traction, tirerait sur l'un des bras de la roue en forçant le récepteur à marcher plus vite. Si, au contraire, l'appareil expéditeur marchait moins vite que l'appareil récepteur, la dent métallique de l'expéditeur n’étant pas passée, l'électroaimant étant en fonction, retiendrait un des bras de la roue du récepteur et l'obligerait ainsi à retarder jusqu'à ce que le poste expéditeur l’ait rattrapé.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)



Second addition

Application date:   12 May 1866

Grant date:            22 July 1866


On doit se rappeler que les dépêches transmises par mon système d'électrographe sont imprimées par un mode de transport qui comprend un papier enduit d'une couleur quelconque et de glycérine et un papier blanc qui reçoit les empruntes faites par la pointe traceuse du récepteur; pour que mon système puisse remplir les conditions du nouveau programme imposé aux bureaux récepteurs, c'est-à-dire qu'il puissent donner une copie exacte de la dépêche qu’il reçoit, je prépare l'encre de manière à ce qu'elle puisse produire le même effet que l'on l'encre communicative. 

En un mot, lorsque la dépêche est écrite ou dessinée sur le papier par l'appareil récepteur, elle est à l'envers et il faut la lire par transparence; je la prends alors pour la soumettre à une pression quelconque après avoir interposé une feuille de papier du côté de l'encre. J'obtiens de cette façon un report à l'endroit ou copie exacte de la dépêche, dont le bureau récepteur garde l'original.


Third addition

Application date:   9 October 1866

Grant date:            30 November 1866


Par l'addition du 14 mars 1866 on a vu que j'obtenais le synchronisme de mes appareils « expéditeur » et « récepteur » au moyen d'une pièce que j'appelais engrenage électrique, et placé sur le récepteur et d'un disque distributeur d'électricité placé sur l'appareil expéditeur. Un régulateur à ailettes d'une construction particulière était en outre monté sur chacun des appareils.

La présente addition concerne une disposition qui permet de simplifier la construction de mon système d'électrographe en supprimant le régulateur et l'engrenage électrique dont je viens de parler, et qui donne à tous égards les résultats les plus satisfaisants.

Cette disposition consiste à appliquer sur chacun des appareils un régulateur d'horlogerie système Farcot dont on pourra aisément reconnaître la disposition en examinant le dessin ci-joint qui représente la vue du bout de l'un des appareils, du côté de l'axe du régulateur du mouvement d'horlogerie.

(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


Fourth addition

Application date:   27 May 1867

Grant date:            5 August 1867


Le perfectionnement qui motive cette addition consiste à établir un trembleur sous forme de relais qui doit agir avec un nombre de piles X et qui ne fonctionne pas avec un nombre de piles moindre; cela me permet de faire agir avec un seul fil de ligne, et mon régulateur de marche, et mon appareil écrivant ou imprimeur, à volonté.

On se rendra bien compte de la dispositions que je viens d'expliquer succinctement en examinant le dessin ci annexée.

En résumé cette addition comprend le moyen de faire agir alternativement un trembleur sous forme de relais et à distance par le fil de ligne, qui déjà fait un autre travail, en augmentant à l'aide d'un distributeur, soit la quantité, soit la tension d'un certain nombre d'éléments de pile, pour produire un synchronisme parfait applicable à la télégraphie en général.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


Fifth addition

Application date:   15 November 1867

Grant date:            23 janvier 1868


J'ai dit dans mon addition du 27 mai 1876 que pour faire agir ensemble ou alternativement par le fil de ligne, l'électroaimant synchronique et l'électroaimant écriveur on diminue ou augmente à l'aide d'un distributeur le courant du fil de ligne, soit en quantité, soit en tension, d'une ou plusieurs piles.

Dans la présente addition je viens indiquer une combinaison qui permet d'obtenir le même résultat, soit augmenter ou diminuer le courant de la ligne, en faisant rentrer ce courant directement à la terre, ou en le forçant à passer par une ou plusieurs bobines de résistance, ou bien encore en rendant les électroaimants alternativement boiteux ou non; dans ce cas la seconde bobine fait office de bobine de résistance.

En résumé, cette addition a pour objet de faire fonctionner par un fil, différents électroaimants donnant des mouvements différents par le renforcement du courant de ligne, soit en augmentant alternativement la pile ou intercalant des bobines de résistance dans le circuit pour l'application à la télégraphie en général.



Sixth addition

Application date:   18 March 1868

Grant date:            12 June 1868


Cette addition a pour but de décrire la marche des courants de ligne c'est-à-dire les quatre courants différents qui produisent de mouvement en simultané ou alternatif sur deux électroaimants qui sont disposés à chaque extrémité de la ligne.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


Seventh addition

Application date:   15 July 1868

Grant date:            30 September 1868


L'objet de cette addition consiste à interposer entre la ligne et le cylindre expéditeur un relais chargé de transmettre les ruptures du courant données par l'écriture, en contact plus énergique.

En télégraphie autographique une des grandes difficultés est d'avoir de l'encre suffisamment isolante pour interrompre le courant d'une forte pile de tension chargée de faire le service d'une grande ligne. 

Pour obvier à cet inconvénient, voici comment j'opère; j'envoie les ruptures du courant produites par l'écriture ou les contacts du papier conducteur, à travers les bobines d'un électroaimant ayant une pile locale, puis les tractions produites par le dit électroaimant et ferment le circuit de la pile de ligne comme les répulsion ouvrent le même circuit de la pile de ligne et au moment de l'ouverture du circuit, je prends un contact sur terre qui me permet de vider la ligne plus vivement.


Eighth addition

Application date:   24 August 1868

Grant date:            31 October 1868


La présente addition consiste dans un moyen d'obtenir un synchronisme local en enfermant dans un même circuit deux électroaimants dont l'un est chargé d'entretenir les vibrations d'une boule suspendue sous forme de balancier, et l'autre de transformer le mouvement vibratoire en mouvement rotatif.

Cette addition a pour objet l'application de la pile pour entretenir par deux électroaimants les vibrations d'un poids suspendu, en même temps qu'il donne les contacts réglant la marche de l'appareil rotatif pour faire de la télégraphie autographique.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


Ninth addition

Application date:   31 July 1869

Grant date:            19 October 1869


Cette addition a pour objet d'expliquer par des descriptions et dessins la manière dont fonctionnent les relais relatés dans l'addition du 15 juillet 1868 où il est dit que j'interpose entre la ligne et le cylindre expéditeur un relais chargé de transmettre les ruptures du courant donnée par l'écriture, en contact plus énergique.

En résumé cette addition comprend:

1° la disposition d'ensemble des relais au départ 

2° l'application d'une plume dont les becs ont une course limitée pour écrire la dépêche à l'arrivée

3° l'emploi de l'encre non siccative


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


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[1] FamilySearch database (KC86-FJP)

[2] Wikipedia

[3] V. Dervillé, La photo-télégraphie il y a 30 ans, Revue industrielle, revue mensuelle technique et économique, février 1907, pages 44-45

(02/12/2021)