34 - Jean Joseph Étienne LENOIR (22) (1822 - 1900) [1][2]


Moyen de communication télégraphique sans avoir besoin d'isoler les fils de la terre


Basic patent

French patent                 91479

Application date:            27 February 1871

Grant date:                     15 July 1871


Mon invention est caractérisée par une disposition toute spéciale; en télégraphie, on emploie au bureau qui transmet une pile à résistance, un pôle à la terre (zinc généralement) l'autre pôle à un fil (ou câble) métallique, très bien isolé de toute communication, avec la terre; au bureau de réception le circuit est fermé sur l'appareil; lorsque l'on veut expédier une dépêche on ferme le circuit au départ, le courant partant par le fil isolé passe par l'appareil récepteur et revient par la terre; mais comme l'électricité cherche toujours le chemin le plus court pour rentrer à sa pile, le moindre manque d'isolement fait, ce que l'on appelle des dérivations; de là naissent les causes graves du télégraphe électrique, surtout par les brouillards, les temps humides, l’électricité atmosphérique, etc.

Pour obvier à ces inconvénients, voici ce que j'ai imaginé. Je prends la mer comme liquide de la pile, la terre formant le vase qui le contient, puis le zinc est immergé à un poste et le cuivre à l'autre poste, comme cela j'ai une pile toute prête à fonctionner, il ne s'agit que de fermer le circuit pour la faire fonctionner ce qui se fait en immergeant un simple conducteur métallique puisqu'il n'y a pas de retour de courant.

Le dessin ci-joint représente une nappe d'eau, la Manche, deux bureaux télégraphiques sont en communication, Cherbourg et Falmouth. ils sont reliés par un fil métallique recouvert de plomb ou d'un corps qui empêche que le fer ne fasse pôle négatif ou le cuivre pôle positif, ce qui al__ le câble. Pour faciliter la description du dessin nous allons prendre Cherbourg comme expéditeur.

À Falmouth nous avons mis une certaine quantité de fils de cuivre rouge enroulés sur un morceau de bois (A); et plongeant à Cherbourg dans la mer, l’un des bouts du fil vient communiquer à une borne de l'appareil et l'autre borne au câble (C); à Cherbourg une borne de l'appareil expéditeur communique avec une série de plaques en zinc (B) qui sont aussi immergées dans la mer; lorsque l'on veut envoyer une étincelle à Falmouth, on a qu'à fermer le circuit de la seconde borne sur le câble (C) et faire enfin des ruptures et des contacts pour faire fonctionner l'appareil de Falmouth.

D'après ce qui précède on peut voir que l'invention pour laquelle je réclame un privilège exclusif, consiste à me servir de la mer ou d'une rivière pour en faire ma pile en mettant le pôle positif d’un des bureaux en communication avec la nappe d’eau et à l'autre bureau son pôle négatif et obvier par cela au retour par la terre. Lorsque la rivière ou la mer sur laquelle on agit ne communique pas avec la ville avec laquelle on est en relation on y remédie en creusant un puits assez profond pour se mettre en communication avec la dite rivière par la masse d'eau terrestre. On peut aussi faire des réservoirs d'eau acidulée ou salée et les mettre en communication par les corps poreux avec la rivière ou la mer. 

Pour les lignes terrestres, les fils sont attachés au poteau avec des pièces métalliques, aucune n’isolant des poteaux en bois.


(Source: archives de l’Institut national de la propriété industrielle)


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[1] FamilySearch database (KC86-FJP)

[2] Wikipedia

(09/12/2021)